vendredi 13 octobre 2017

"Une suite qui dérange : le temps de l'action" : un film indispensable saboté.

Là où passe le cheval du réchauffement climatique, de la canicule et de la sécheresse, l'herbe meurt et ne repousse plus. (Cyber Attila)

Les archives médiévales de l'Etat existeront encore alors que celles du XXIe siècle auront disparu depuis longtemps car, numérisées et dématérialisées, elles auront été victimes de l'obsolescence programmée et incessante des supports électroniques. (le Cyber Philosophe)


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Une suite qui dérange... à peine au-dessus de la barre des cent copies dans tout l'hexagone. A peine un peu plus de 15 000 entrées en première semaine d'exploitation. Un film enseveli immédiatement dans les abysses du box office français... Il n'en reste déjà presque nulle trace dans nos salles. Echaudées, les petites villes ne l'auront jamais à l'affiche. 
Un échec cinglant, injuste, parfaitement programmé, orchestré, huilé. Qu'a donc fait le distributeur - une grosse boîte dénommé Paramount - qui fit partie des cinq majors de l'âge d'or hollywoodien, des big five  pour que nous arrivions à un tel résultat honteux pour le pays qui accueillit la COP 21 voilà bientôt deux ans ? En sous-distribuant Une suite qui dérange, en une combinaison largement insuffisante de salles, privant d'innombrables spectateurs animés comme moi de la fibre écologique de l'accès au film, la Paramount a réussi de main de maître une opération digne de ses consoeurs Fox Searchlight et Metropolitan Film Export, compagnies spécialisées dans les crashes cinématographiques programmés comme le savent bien les lecteurs et lectrices de ce blog. Par exemple, le documentaire a été exclu du circuit art et essai de province, ce qui le privait d'une caisse de résonance certaine, comme voici quelques années Détective Dee II, bien que pour des raisons différentes. Mieux aurait valu en ce cas une sortie directe en VOD, DVD et blu-ray.
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Nous le savons tous : l'heure est grave. Les cyniques diront : le réchauffement climatique, cela fait économiser le chauffage, car les Français n'ont plus les moyens de se chauffer. De plus, on n'a plus à parler des SDF, à s'en préoccuper. Raisonnement biaisé, à courte vue !
D'autres constateront : encore un film à charge contre l'actuel locataire de la Maison-Blanche. Toujours le même disque, cela devient lassant.
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Al Gore, que l'on ne présente plus, s'est autant investi dans cette suite que dans le premier documentaire de 2006 : Une Vérité qui dérange. Avec le GIEC, il a reçu le prix Nobel de la paix en 2007.
D'aucuns ont pu juger qu'Une Suite qui dérange était un film inutile, superfétatoire, cultivant redites et redondances par rapport au premier documentaire, qui avait déjà tout exposé, d'où l'indifférence de l'accueil public qui a boudé - à tort - cette oeuvre. On a pensé les gens saturés, sur-informés du problème du réchauffement climatique, omniprésent dans les médias de grande vulgarisation.
D'autres ont considéré Al Gore et le GIEC tels des Cassandre, des pères fouettards, des prophètes de malheur - profil souvent rencontré chez les climatosceptiques que je qualifierais personnellement de négationnistes, dans la foulée de l'actuel détenteur du pouvoir suprême aux States. Le discours d'Al Gore, personnage pour eux rancunier de sa défaite en 2000, serait à charge, culpabilisant et stérile, un peu comme chez le Club de Rome du début des années 1970 qui avait mis en avant le concept de croissance zéro, club de Rome qui guida le discours d'avertissement d'Albert Barillé dans tous ses dessins animés, cela dès la fin d'Il était une fois l'Homme en 1978-79.
D'autres enfin pensent que le GIEC et Al Gore pècheraient par excès d'optimisme, mieux, cacheraient les vrais chiffres, minimiseraient la catastrophe à venir plus proche que les projections des experts nous le laissent accroire. Ces catastrophistes ultras pensent qu'il est trop tard et qu'on ne peut déjà plus rien faire : ce sont des fatalistes, des résignés.
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Or, Al Gore a voulu nous démontrer que la lutte continuait, que l'amorce de résultats ne préjuge pas de l'avenir. Il devient une sorte de pèlerin de la cause, prêchant la bonne parole au monde entier, surtout dans le contexte actuel, depuis qu'un sinistre bouffon imprévisible occupe le Bureau Ovale. C'est pourquoi un dernier groupe de détracteur accuse le film d'être un produit marketing de propagande pro-Gore, une sorte de panégyrique du bon docteur Al, mieux, une hagiographie à son service. Les solutions prônées ne remettent pas en cause le système capitaliste qui les agrée et les adoube, sûr ainsi de se sauver lui-même, de perdurer indéfiniment en appliquant les recettes rassurantes pour lui du doc Al.
Al Gore était présent, à Paris, à la COP 21, au moment des attentats horribles que l'on sait. L'homme est sincère.
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De toute façon, le sabotage d'Une Suite qui dérange est incontestable en un temps où chaque millésime bat les records de réchauffement de son prédécesseur, en un temps où l'on apprend qu'en Allemagne, 80 % des insectes auraient disparu, en un temps où les oiseaux eux-mêmes, prédateurs naturels de ces insectes, déclinent parce qu'ils ont faim et qu'il y a de moins en moins de pollinisateurs des végétaux. Toute la chaîne alimentaire est frappée. Rappelez-vous le prélude de Blade Runner 2049 :  on y apprend l'effondrement de la biosphère... au commencement des années 2020. En 2049, nul n'a plus vu de fleurs et d'arbres réels vivants...
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Ceci rappelle le scénario de la plus grande des extinctions de masse, celle du Permo-Trias, où 90 % des espèces au moins disparurent. Les scientifiques se disputent sur les différentes hypothèses expliquant cette extinction.
Afin d'éviter ou, à tout le moins, de freiner la prochaine extinction, prenons la peine d'écouter Al Gore et d'aller voir ses films.

Prochainement : l'a-nécrologie de Jean Cuisenier : les ATP et la reductio ad petainum.

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