samedi 21 mai 2016

Charlotte Brontë : un bicentenaire oublié en France.

Depuis qu'Arte a cru bon d'abandonner les sujets considérés à tort comme futiles, les soirées Thema sont devenues soirées "trauma". (Journal d'un anti bourgeois du XXIe siècle).

Je pensais à tous ces formidables documentaires qui ne seraient jamais acquis ou produits, qui ne verraient pas le jour, documentaires qui eussent dû être consacrés à telle ou telle commémoration de grands écrivains antérieurs à mon siècle à cause des lignes éditoriales culturelles défectueuses d'Arte et France télévisions. Ô Charlotte Brontë, Charles Dickens, Miguel de Cervantès, Henry James ! Que de films pédagogiques intelligents on eût dû tourner en votre immortel honneur ! (Mémoires d'un partisan de la Culture d'avant Pierre Bourdieu).

Tout est possible ! (Marceau Pivert)

L'ultraliberalismo è una merda pericolosa  (Il Nuovo Pasolini)

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Ne tombez pas abasourdis, chers lecteurs de ce blog : hors du Royaume-Uni, Charlotte Brontë est désormais plus connue au Liban qu'en France ! Oui, vous avez bien lu : seul le célèbre quotidien libanais francophone L'Orient le Jour a consacré un article au bicentenaire de la naissance de la grande romancière le 21 avril 1816. Un 21 avril, comme Spirou ! Mais là, c'était en 1938. Sinon, pour un autre article francophone, il faut aller chercher au Québec avec le Devoir une autre trace ténue d'une quelconque relation de la célébration de cette "auteure" victorienne pourtant incontournable. Il y a donc bien un mal culturel national (issu de Bourdieu ou pas ?) puisque, hors ces deux articles, ce fut niet en français ! Certes, Arte a bien diffusé récemment sur ses ondes numériques la remarquable adaptation de 2011 de Jane Eyre par Cary Fukunaga, sans jamais exprimer explicitement que cette diffusion se faisait à l'occasion des deux cents ans de la venue au monde de l'aînée des soeurs Brontë. Pour rappel, si l'on veut bien fouiller parmi les articles les plus anciens de mon blog, la sortie hexagonale de ce Jane Eyre
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 fut des plus chaotiques, puisque reportée pas moins de quatre fois entre septembre 2011 et juillet 2012 ! Nous sommes tellement fâchés avec la grande littérature britannique du XIXe siècle (et même d'avant) que la sortie en salles de l'adaptation cinématographique du pastiche horrifique de Jane Austen, Orgueil et Préjugés et Zombies de Seth Grahame-Smith, initialement prévue chez nous le 16 mars 2016, a été semble-t-il définitivement annulée ! Pourtant, Matt Smith, comédien que j'apprécie énormément, y joue.
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Paradoxe gênant aux entournures à  une époque où désormais, toute l'oeuvre romanesque de Charlotte Brontë est disponible en poche grâce aux éditions archipoche. Le magazine Lire, quant à lui, s'est contenté de rapporter la parution d'un roman biopic ragot sur un amour caché de Charlotte Brontë. A l'heure où la critique officielle est en passe de bouder, d'ignorer Daddy Love, le dernier opus de Joyce Carol Oates traduit en français, bien qu'il traite d'un sujet en phase avec l'actualité la plus abjecte (la pédophilie), les manquements culturels nationaux à répétition au sujet des meilleures romancières britanniques du XIXe siècle ne sont plus pour moi sujet d'étonnement : tout cela me semble imparable, logique, vu le gouffre fangeux dans lequel nous tombons. Heureusement qu'il reste la blogosphère pour défendre les vrais bons titres et pallier les insuffisances de ces ignorantins lacunaires de pseudo-critiques officiels auto institués qui taisent trop de  romans valables au profit du maniement d'encensoir vers ceux qu'on oubliera !
A l'heure misogyne anglaise où il était malséant que des femmes écrivissent et publiassent sous leur véritable patronyme, Charlotte Brontë, tout comme ses soeurs Anne et Emily, avait été obligée d'opter pour le pseudonyme de Currer Bell (parmi deux autres Bell). Désormais, outre le célébrissime et impérissable Jane Eyre, les trois autres romans de Madame Brontë, Shirley, Villette et Le Professeur (refusé en 1847 par tous les éditeurs, il ne connut qu'une publication posthume en 1857), sont devenus faciles d'accès en format poche et c'est heureux. Shirley (1849), particulièrement remarquable, mérite qu'on le recommande. Roman social, industriel, dont l'action se situe en 1811-1812, à l'époque de la dépression économique (due en partie au blocus napoléonien, l'autre raison étant la loi des crises cycliques) et du luddisme suit de près Mary Barton, premier roman d'Elizabeth Gaskell sorti en 1848, localisé à Manchester dans les années 1830-40.
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Vous êtes donc invités chaleureusement à vous plonger dans la découverte de l'oeuvre romanesque et partiellement autobiographique (référence à son séjour professionnel bruxellois) de la grande Charlotte Brontë, femme de tête, figure féministe comme le XIXe siècle en compta beaucoup (plus que l'on ne croit communément) sans omettre les fragments inachevés qu'elle nous légua et ses essais poétiques (confère sur Wikipedia, en version bilingue, le poème qu'elle composa à la mort d'Anne Brontë).
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La prochaine fois, j'évoquerai l'époque où Arte censurait ses documentaires en les déprogrammant de manière définitive. 

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