mercredi 8 juillet 2015

Café littéraire : le Roi, le Sage et le Bouffon.

Avant-première d'un texte qui sera présenté en septembre 2015.



Café littéraire : Le Roi, Le Sage et Le Bouffon.

Par Christian Jannone.


Roman de Shafique Keshavjee paru en français aux éditions du Seuil en 1998 et sous-titré : « le Grand Tournoi des Religions. »

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Ni le nom de l’auteur, ni le pays où il naquit ne pouvaient laisser présumer que Le Roi, le Sage et le Bouffon serait un des romans francophones les plus marquants des vingt dernières années. Né le 13 décembre 1955 à Nairobi au Kenya, et bien que d’origine indienne, Shafique Keshavjee est un pasteur suisse qui exerça longtemps la profession de professeur de théologie.
Son récit est une œuvre de maître vulgarisateur : Shafique Keshavjee choisit l’option du conte, de la fable, pour faire passer un message d’une profondeur humaniste qui sera toujours d’actualité. Le Roi, le Sage et le Bouffon, à cause des problèmes fondamentaux qu’il pose, n’est pas près de se démoder.
Hymne universel à la tolérance, appel au vivre ensemble, au dialogue inter-religieux, à la fraternité, Le Roi, le Sage et le Bouffon est un texte de paix.
Le parcours de notre pasteur écrivain le prédispose à véhiculer ce message :
« Shafique Keshavjee arrive en Suisse en 1963, et entame des études en sciences sociales et politiques, en théologie et en histoire des religions à l'université de Lausanne. Il devient ensuite pasteur de l'Église réformée. Auteur d'une thèse de doctorat sur Mircea Eliade, il est l'un des animateurs de l'Arzillier, une maison pour le dialogue entre les religions, à Lausanne.
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Shafique Keshavjee se fait connaître du grand public avec Le Roi, le Sage et le Bouffon (Le Seuil, 1998), une fable humaniste sur la rencontre des grandes religions. En 2004, il publie chez le même éditeur La Princesse et le Prophète, un roman « engagé » sur la mondialisation et les conséquences néfastes de celle-ci.
En 2005, il rédige avec son fils Simon Philou et les facteurs du ciel ; son fils souffrant de leucémie a imaginé cette histoire et a finalisé son livre deux jours avant de décéder à l'âge de 13 ans et demi. »
(source : Wikipedia)
Enfin, en 2014 Shafique Keshavjee publie, toujours aux éditions du seuil, et de la même veine que ses précédents romans fabuleux, La Reine, le Moine et le Glouton, où l’on débat du sens de la vie.
Shafique Keshavjee excelle dans la concision et l’art de la synthèse, rendant intelligibles les problèmes théologiques les plus ardus et l’essence non seulement des grandes religions, mais aussi ce qui les divise et les rapproche, sans omettre la question de l’agnosticisme ou athéisme.
Il sait que, de tous temps, les croyances religieuses ont été sources de disputes, de conflits, de persécution et d’intolérance. Une ère de paix universelle peut s’ouvrir si elles apprennent à dialoguer entre elles, à surmonter leurs antagonismes, leurs rivalités. Shafique Keshavjee est un humaniste et un vulgarisateur hors pair.
L’intrigue de la fable est aisée à résumer : on y retrouve cet esprit propre aux contes, en particuliers ceux du Siècle des Lumières, qui permirent à de grands philosophes comme Voltaire et Diderot à devenir des passeurs en délaissant tout le côté rébarbatif de traités trop savants, trop érudits.
Soit un pays lointain, imaginaire, idéal, loin des conflits du monde connu. Cet Etat se moque de la modernité tapageuse et a conservé une structure monarchique intemporelle. Il repose sur trois piliers : le Roi, le Sage, et le Bouffon.
Le Roi gouverne, le Sage conseille, le Bouffon manie le cynisme et la malice : il  relativise le pouvoir des deux autres piliers, servant en quelque sorte de contrepoids indispensable. Le Bouffon est un adepte du franc-parler, de la Vérité : comme dans la tradition de cour, il peut être plus avisé, de meilleur conseil que le Sage lui-même. Il sait flairer la menace, met en garde. 
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Toute notre histoire part de trois rêves contingents, la même nuit de pleine lune. Davantage qu’une interprétation freudienne des songes, nous avons là de la part de l’auteur l’utilisation d’un ingrédient que je dirais biblique, que l’on retrouve communément dans l’Ancien Testament, par exemple avec Joseph et Jessé.     
Trois personnages, trois rêves, trois messages inquiétants, chacun hermétique, peu explicite, référencé d’éléments, de clefs, dont l’explication nous sera fournie au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue. Trois rêves qui ne se font pas dans un contexte si serein que cela, leur nature philosophique et religieuse, presque eschatologique, trahissant un malaise profond dans le Royaume : risque à la fois pour la démocratie, pour le pouvoir royal, risque de la mort de Dieu comme de celle du monarque et du bouffon lui-même. Dans un ciel lourd de menaces, l’individualisme forcené se traduit par le désintérêt envers tout ce qui cimente et unit les sujets, hormis le sport. L’Agora, l’Ecclesia (dans le sens d’assemblée) se fissurent.
Par-delà la mort des individualités royale et bouffonne, par-delà celle de Dieu, tué par Nietzsche voire jamais « né », c’est la disparition de l’Homme, via le peuple, qui se profile à l’horizon.
Il faut donc quêter un Sens à la vie : ce Sens peut-il être dans l’une ou l’autre religion ? Jusqu’à présent, cette religion demeurait vague, indéfinie, suscitant le désintérêt croissant du peuple. C’est pourquoi le Roi se résout à l’organisation d’un grand tournoi inter-religieux afin de pouvoir choisir la meilleure croyance pour le peuple. Chacune des grandes religions du monde conviera un de ses dignes représentants à participer à cette olympiade d’un nouveau type. Chaque tradition n’a droit qu’à un unique représentant, d’où parfois des difficultés de désignation. Les intervenants seront confrontés à des contradicteurs, devront faire face aux controverses, aux échanges polémiques, parfois haineux, savoir répondre aux critiques, manier l’art de la synthèse, ne pas étaler une érudition théologique excessive et hermétique, ne pas faire trop long.
Pourquoi pas aussi ne pas croire : c’est la raison pour laquelle l’athéisme sera lui aussi inclus dans les joutes.
A partir de là, le roman s’organise autour des prestations successives des candidats, prestations entrecoupées de repas, de repos nocturnes, mais aussi d’une intrigue parallèle, qui a son importance dans le contexte particulier de l’Histoire contemporaine.
Successivement interviennent :
- Alain Tannier, professeur de philosophie français, athée ;
- le moine bouddhiste Rahula, du Sri Lanka ;
- le swami Krishnânanda, pour l’hindouisme ;
- le cheikh et imam Ali ben Ahmed d’Egypte, pour l’islam ;
- le rabbin israélien David Halévy, pour le judaïsme ;
- le docteur Christian Clément, de Suisse, pour le christianisme.
Le représentant du christianisme est protestant.
L’intrigue parallèle consiste en une enquête policière autour d’une agression dont a été victime Amina, la fille du cheikh aveugle : cette enquête sert de prétexte à notre écrivain pour développer une idylle entre le rabbin Halévy et la jeune femme, amour chargé de symboles sur fond de dialogue jugé impossible entre islam et judaïsme. L’agresseur a voulu qu’on accusât les juifs, laissant une kippa comme indice, afin qu’Halévy soit soupçonné. C’est le propre frère d’Amina le coupable, jeune fanatique refusant les idées de son père Ali ben Ahmed, qui prône la tolérance et le respect entre les religions. Ali ben Ahmed est un digne représentant de l’islam ouvert, éclairé, loin des perceptions négatives véhiculées contre la troisième grande religion du livre par les fondamentalistes de tout poil. Ali ben Ahmed sait qu’il risque gros : les fanatiques sont prêts à tout pour que le dialogue échoue. Halévy lui-même reconnaît à la fin avoir fauté, voulu envenimer les choses, venger son propre frère contre les musulmans, sur fond de conflit israélo-palestinien jamais expressément nommé.  
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De fait, les derniers chapitres de ce livre remarquable et agréable à la lecture sont une leçon de sagesse exemplaire : après que chaque prestataire ait effectué une ultime synthèse résumant la quintessence de sa croyance (appariement de deux mots résumant chacune des grandes religions par exemple détachement et compassion pour le bouddhisme), aucun des membres du jury ne parvient à trancher. Chaque compétiteur a remporté une voix. Toutes les religions ou l’irréligion ont du bon, impossible d’en imposer une. Aussi, le Roi choisit de rompre avec ce vieux principe tel prince telle religion. C’est l’entrée dans la modernité issue des Lumières, la fin proclamée de la religion d’Etat, l’instauration de la liberté de conscience. Le choix de croire ou ne pas croire est laissé à la libre appréciation de chacun, Roi inclus. La religion devient une affaire privée, individuelle. Fin aussi du prosélytisme, de la conversion plus ou moins forcée, des persécutions des déviants, hérétiques et autres.
La modestie de Shafique Keshavjee transparaît en ouverture du livre (p. 7) et dans une note de bas de page (p. 228), sans se nommer lui-même, se contenant du « je », on comprend qu’il est cette personne digne de confiance mandatée par le Roi et le Sage afin de rédiger le compte rendu du Grand Tournoi (« Le Roi de mon pays m’a demandé d’écrire ce livre pour vous »). Vous, ce sont les lectrices et lecteurs, mais l’écrivain s’adresse de facto à l’humanité tout entière. La note sert à caser les remerciements que notre romancier et pasteur adresse aux personnalités et organismes avec lesquels il collabore dans le cadre du dialogue inter-religieux.
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L’universalité de cette fable prétexte de Shafique Keshavjee en fait une œuvre indémodable. L’actualité de ces quinze dernières années n’a cessé de démontrer combien le message de cet ouvrage demeurait plus que jamais nécessaire. Espérons que ses auditrices et auditeurs croîtront en nombre. Ce livre, c’est l’espoir face au néant destructeur des fanatismes. Shafique Keshavjee est une force de propositions que tous doivent écouter.
J’invite les participants du café littéraire à donner leur avis, à commenter ce texte, à soulever et développer des points (en particulier, sur la psychologie, le caractère des personnages, le Bouffon étant, je l’avoue, mon préféré) que je ne pouvais détailler dans le cadre restreint d’une revue.

Christian Jannone.

Prochainement :  après de bonnes vacances bien méritées, je reprendrai la série des écrivains dont la France ne veut plus avec un septième volet consacré à Romain Rolland.


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lundi 6 juillet 2015

Louvre Lens : l'exposition oubliée.

L'homme avançait dans la rue d'un pas mécanique et régulier. (Franquin et Greg : Z comme Zorglub planche 1 case 1)

Ne vous en faites pas pour moi, Capitaine. J'espère que vous me pardonnerez mon audace. Mais j'estime... j'estime que j'ai accompli ma mission...dans la grande tradition de la cavalerie. (Rudy Bowman (1890-1972), acteur américain dépourvu de cordes vocales dans La Charge héroïque de John Ford, d'après Pierre Bellemare : C'est arrivé un jour : le Rôle de sa vie).

Du temps de la Guerre froide, de l'URSS, il était de bon ton que je me gausse du ministre soviétique des affaires étrangères de l'époque, Andreï Gromyko. Je prétextai son nom pour user de calembours douteux, assimilant son patronyme à une marque célèbre de crèmes glacées. Contrefaisant la voix du perroquet des fameuses pubs Bahlsen qui mettaient en scène le personnage loufoque de Monsieur Plus, j'y allais gaiement avec mes gros Miko ! Gros Miko ! De nos jours, il suffit de faire sauter la syllabe médiane, "mi" pour obtenir l'expression GroKo, et, toujours contrefaisant le jacquot jactant, de m'exclamer à chaque apparition télé de la chancelière d'Allemagne : GroKo ! GroKo ! (Cyber Louis-Ferdinand Céline)

Si vous lisez avec régularité et fidélité la chronique hebdomadaire que le journaliste Olivier Cena consacre dans Télérama à l'art contemporain, vous conviendrez que le navire ready-made et conceptuel prend désormais eau de toute part, et qu'on ne risque plus l'ostracisme et le qualificatif de fasciste lorsqu'on se permet de fustiger cet art de marché et ses dérives. Même Le Monde diplomatique, peu suspect de sympathie pour la marine bleue, y met son grain de sel, sans nul affect réactionnaire.  Ces écrits enragés et justes s'inscrivent clairement dans un contexte de retournement de tendance dans l'art contemporain, dans un regain de faveur s'exerçant au bénéfice de celles et ceux qui créent en sculptant et peignant, tendance toujours plus lourde et renforcée au fil des mois, que les milieux intellectuels nationaux, toujours en retard d'une guerre, peinent à prendre en compte. Il est notable que ce nouvel axe de l'art contemporain vient de s'exposer à l'occasion de la dernière biennale de Venise au mois de mai dernier. Un peintre roumain, Adrian Ghenie, né en 1977, vient symboliquement de tuer le père de l'art officiel déjà agonisant, ce désormais presque cadavre aux soubresauts galvaniques grêlés d'ordures et d'humeurs de pestilence mercantile. Monsieur Ghenie a pondu une peinture magistrale, symbolique, historicisante, bref, dans la tradition de la grande peinture d'Histoire, oeuvre qu'on peut baptiser Les Funérailles de Marcel Duchamp. 
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A dessein, ce nouveau génie d'une peinture revivifiée, réhabilitée, tue intellectuellement celui qui avait proclamé la mort de cet art, en utilisant une technique traditionnelle mais sciemment lacunaire, laissant à ce nouveau monument érigé au déshonneur de la putridité conceptuelle et "ready-madeuse" des surfaces, parties, inachevées, citation explicite de la nouvelle manière de restaurer l'art ancien : les restaurateurs et conservateurs, instruits de toutes ces restaurations abusives qui avaient cours au XIXe siècle et encore dans la première moitié du dernier siècle,  préfèrent désormais conserver les manques, les parties lacunaires, perdues, telles quelles.
Souvenez-vous, savantissimes lecteurs de ce blog, des inondations dont Florence fut frappée en 1966, avec, parmi les victimes artistiques, le Crucifix de Santa Croce, du musée de l'Oeuvre de Santa Croce, réalisé par Cimabue vers 1272-1288. On opta pour une restauration partielle afin que ce Christ témoignât des outrages des eaux qu'Il avait subis. Hé bien, la démarche d'Adrian Ghenie rappelle cela, s'y apparente, la personnifie quelque peu. Il est d'ailleurs significatif qu'aucune version française de l'article consacré par Wikipedia à cet artiste neuf n'existe...
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Pour en revenir à notre chroniqueur de Télérama, dans le numéro de l'hebdomadaire culturel paru le 17 juin 2015, Olivier Cena écrit à propos du peintre Eugène Leroy (1910-2000) : 
Il existe dans le milieu de l'art des empêcheurs de penser en rond. Ce sont des artistes dont les oeuvres non seulement ne correspondent pas aux dogmes en vigueur, mais pulvérisent ces dogmes par leur qualité.
L'article est illustré par la photo d'une sculpture de Denis Monfleur, autre artiste inclassable - c'est-à-dire indépendant de la doxa ou trinité ready-made, art vidéo et art conceptuel. 
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Récidivant avec audace quinze jours après, soit dans Télérama daté du 1er juillet 2015, Olivier Cena achève de prendre le contre-pied de l'académisme actuel omniprésent dans les médias en consacrant son article non pas à un énième "artiste" oubliable, mais, ô hardiesse, à une expo ignorée jusqu'à présent de tous, sise en un musée (voir le billet de Cyber Léon Bloy du 1er mai 2013) dont il est de bon ton de ne jamais parler : le musée national du Moyen Âge, des thermes et de l'hôtel de Cluny. Il s'agit des sculptures souabes de la fin du Moyen Âge, dont nul ne s'est occupé jusqu'à ce 1er juillet historique. Olivier Cena intervient à peine trois semaines avant la clôture de l'exposition, et s'en donne à coeur joie pour fustiger les dérives et les provocs dogmatiques de l'art officiel de marché ultra spéculatif et creux. Un art insincère, vide, qu'il confronte à l'admirable Christ en prière de Niklaus Weckmann sculpté il y a cinq siècles.

 Il prend pour cibles, à leur désavantage, Anish Kapoor, dont on fait un foin à Versailles et Raqib Shaw, qu'il accuse d'être kitch. Olivier Cena note : 
Une partie du monde de l'art actuel apparaît plus préoccupée par le discours que par la forme, avec laquelle il se montre d'une complaisance affectée. 
Or, l'art exige la foi - non la croyance aux dogmes d'une religion, mais un engagement total et sincère, absolu. C'est un risque. Beaucoup d'artistes contemporains préfèrent fabriquer. Ils ne croient plus en rien d'autre qu'à l'argent.
Cependant, la rupture du silence conspirateur et complice autour de Cluny par Olivier Cena ne suffit pas à briser aussi ce mur artificiel de forteresse qui entoure nos autres musées lorsqu'ils osent consacrer une exposition temporaire à l'art médiéval décrié. 
Ainsi en est-il du pourtant fort médiatisé à l'origine Louvre Lens, qui, dans une indifférence intentionnelle, consacre depuis la fin du mois de mai ses surfaces d'exposition à un thème passionnant : l'influence de l'art français gothique rayonnant sur l'art italien, plus exactement toscan, préparant au surgissement de la Renaissance. 
D'or et d'ivoire : Paris, Pise, Florence, Sienne 1250-1320 se tient au Louvre Lens jusqu'au 28 septembre, et le silence médiatique aberrant et ahurissant qui pour le moment entoure cette manifestation savante rappelle un précédent fâcheux du musée d'Orsay en 2014 : nul ne fit à l'époque cas, hormis les éditions Faton, de l'expo Carpeaux !
Ce sont d'ailleurs les éditions Faton, avec leur récent numéro spécial, qui m'ont informé de l'existence de la manifestation culturelle de Lens ! C'est lamentable et il serait temps d'en finir avec tous ces silences, ces préjugés accablants qui courent à l'encontre des beaux-arts médiévaux. Cette désinformation systématique et durable me révulse.

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Je ne puis conséquemment rendre compte d'une expo sous-traitée par une télévision et une presse écrite ignares, quelque superbe qu'elle soit. Je n'aurai pas l'occasion de m'y rendre cet été. Ferait-on payer aux sculpteurs siennois ou florentins du milieu du Moyen Âge classique (les Français aussi) leur goût pour la matière noble de l'ivoire merveilleusement travaillé, ce qui sous-entend le massacre d'éléphants innocents contemporains de Saint Louis ? Ce serait alors le prétexte exact, pseudo écolo-correct, du silence médiatique intégral entourant cette manifestation artistique lensoise projetée depuis dix ans. Nous ne sommes plus à une stupidité près...

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