mercredi 2 juillet 2014

YouTube, dernier refuge de la musique classique ? (une a-publicité)

Il existe deux sortes de cinémas : 
- le cinéma du peuple, limité à deux-trois sorties par semaine, mais qui truste la quasi totalité des écrans de l'hexagone et dont la critique ne se soucie presque plus ;
- le cinéma du cinéphile, quinze à vingt films par semaine, engorgé, encombré, embouteillé en une poignée infime de copies (moins de cent pour toute la France en général), que la critique flingue ou encense, mais que personne ne va voir ou ne peut aller voir faute d'un parc de salles en suffisance. (in Zbul Gör von Franquin : "Critique de l'économie culturelle hayekienne post-traumatique")

Tout film non intellectualisé était selon eux un navet. (Journal d'un observateur de la cinéphilie critique du XXIe siècle)

Il y a cent ans, ces intellectuels ou prétendus tels auraient craché sur Fantômas, Maurice Renard, Gustave Le Rouge et Arthur Conan Doyle. (Apophtegme acerbe du Très Blasé Sire de la Grosse Roche)

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6d/Gustave_Le_Rouge.jpg/220px-Gustave_Le_Rouge.jpg  

http://www.babelio.com/users/AVT_Maurice-Renard_6105.jpeg

Je ne savais plus à vrai dire à quand remontait la dernière fois où France 3 avait casé une info internationale dans son 19-20. (le plus méchant et affûté des téléspectateurs contemporains)

Françaises Français encore mélomanes (oui, il en existe qui ont moins de 70 ans !), vous qui en avez ras le bol de ne plus trouver un seul disque classique à la FNAC du coin,
vous qui ne supportez plus la suffisance d'Arte, seule chaîne à encore diffuser de la musique classique à la télévision, mais qui réduit celle-ci au lyrique, au symphonique, à la musique post baroque (1750 à nos jours), aux compositeurs les plus célèbres et ignore le chambrisme, 
vous qui refusez de vous muer en esclaves consuméristes cyber dépendants enchaînés à Amazon faute de choix matériel chez le disquaire concret déjà cité,
Françaises Français, YouTube est fait pour vous ! (à la condition que paraissent encore des disques physiques afin que leurs proprios en dématérialisent le contenu pour l'offrir en partage sur cette plate-forme officiellement vouée à la vidéo et de plus en plus mercantile).
Vous y découvrirez tout ce que vous n'auriez jamais imaginé en matière de répertoire classique, de l'Egypte ancienne à nos jours ! 
Vous y écouterez les plus grands interprètes et les pires gamates. 
Vous y goûterez aux compositeurs et compositrices les plus rares, jusqu'aux petits-maîtres lilliputiens que la mémoire du répertoire n'a pas retenus.
Vous vous enivrerez des sons les plus exotiques, les plus mirobolants, les plus singuliers pour l'oreille occidentale accoutumée aux sonorités prosaïques, à l'acoustique sommaire des musiques actuelles.
Vous vous y instruirez grandement, vous vous y divertirez magnifiquement, jouissivement. 
Vous irez de surprise en surprise, du troubadour le moins célèbre à l'air carolingien méconnu exhumé, de l'opéra napoléonien oublié au John Adams le plus récent.
Certes, ne vous attendez aucunement, messieurs, mesdames, à une qualité de son optimale, à une image transcendante de netteté lorsqu'il s'agit de visionner des concerts d'archives, mieux, légendaires, presque mythiques ! Faites avec ce que vous trouverez ; c'est mieux que le rien du tout du seul disquaire de chaîne désormais encore existant et qui n'aura plus jamais la référence pointue de tel ou tel en rayon. Le son compressé à l'excès, le MP3 et MP4, ce n'est pas le CD, le blu-ray, ça ne vaut pas le SACD, mais qu'y puis-je ?
Vous vous éduquerez à l'intégralité de l'histoire de la grande musique en musardant, butinant, papillonnant sur YouTube, comme vous le faites sans doute déjà avec les vidéos de peintres, de tous ces peintres anciens, non contemporains, dont on ne veut plus qu'ils comptent en Histoire de l'art. Vous surferez sur des chemins de traverse, telle l'école buissonnière, ou plutôt, buissonnante tant vous irez à la découverte d'une pléthore d'artistes et d'oeuvres, à moins que vous ne préfériez la grand et belle aventure de la chanson. Un Fragson
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/c3/Harry_Fragson.jpg/220px-Harry_Fragson.jpg
 de caf'conc' 1900 contre un Fétis de 1860 archi méconnu !
 http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/20/Francois_joseph_fetis.jpg
 Vous payerez gratos, en monnaie de singe, et parfois, de malveillantes multinationales du disque en viendront à supprimer, à fermer le compte YouTube de tel ou tel mélomane à la Meyerbeer parce qu'il avait eu l'outrecuidance d'y mettre en circulation, en partage, sans que vous eussiez à débourser le moindre cent d'euro, toute la discothèque qu'il possédait d'un certain  label qui le prit fort mal et qui ne voulut pas qu'il continuât à mettre gratuitement à la disposition du monde entier de tels CD réduits à des fichiers numériques sans bourse délier, sans verser le moindre liard de droit aux interprètes. Adieu aux airs d'opéras de Paër,
 http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c7/Ferdinando_Pa%C3%ABr_by_Fran%C3%A7ois-S%C3%A9raphin_Delpech_after_Nicolas-Eustache_Maurin.jpg
 aux symphonies de Friedrich Witt, contemporains de l'immense Ludwig Van B. ! Ô paradoxe ! Tous les compositeurs de ce compte effacé étaient en réalité libres de droit, car datant tous du XIXe siècle ! Salauderie !
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7b/Beethoven_3.jpg
Bienvenue tout de même en la discothèque dématérialisée de Babel telle qu'en aurait rêvé un Borges mélomaniaque !
J'ai dit !
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/cf/Jorge_Luis_Borges_1951,_by_Grete_Stern.jpg

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