samedi 5 janvier 2013

Adieu à Jean Topart (1922-2012).


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Sir Williams (Jean Topart) : - Les plus belles fleurs poussent sur les champs de bataille...
Rocambole (Pierre Vernier) : - Monseigneur, respecte au moins la fleur !  Chaque fleur est unique !
Sir Williams (Jean Topart) : - Et chacune doit passer... La vie, la mort, sont les deux battements de coeur de la nature.
(d'après Rocambole, de Jean-Pierre Decourt épisode : Le Tonneau de poudre)


En Sir Williams, tu fus notre source d'inspiration insigne...  Tu devins Johann Van der Zelden, Galeazzo di Fabbrini, L'Ennemi, Le Maudit, les esprits et les génies du Mal. Meilleure devait être l'oeuvre, plus réussi se devait d'être le Méchant. Tu fus ce Méchant, extraordinaire, dans Rocambole, que je découvris enfin ce dimanche 12 septembre 1982, pour dix-huit épisodes en noir et blanc enchanteurs et magiques.
Tu disais, ô beauté du Texte ! : Sans Sir Williams et Rocambole, le monde n'est qu'ennui !
Tu partageais la vedette avec Pierre Vernier, René Clermont, Cécile Vassort, Marianne Girard, Raoul Curet, Michel Beaune et tant d'autres déjà partis pour toujours...
Le rideau tombe, il me faut saluer ! Ainsi parlais-tu, avant de rendre le dernier soupir sous la pelure du formidable et inoubliable Sir Williams.
Sir Williams a tué Rocambole ! Sir Williams a tué Rocambole ! Le sang de Rocambole retombe sur Paris !, crias-tu un soir de Lune Rouge, nous faisant accroire à l'assassinat du Héros, du Démiurge. Mais Sir Williams et Rocambole ne peuvent pas mourir, jamais ! Tu resteras dans nos mémoire Jean, et ta soeur Lise aussi, que tu as rejointe au Paradis des comédiens... Lise, qui eut l'insigne honneur de reprendre au théâtre le rôle sublime de Joan Fontaine dans Rebecca ! Lise Topart symbolise pour l'éternité une sorte d'incarnation picturale du mythe de l'éternelle jeunesse, car partie à vingt-quatre ans, figée à jamais par la prématurité de son trépas.
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Il ne subsiste d'elle, de sa beauté singulière et désormais éternelle, qu'une banque d'images en noir et blanc, fugitives, éthérées, sur le net, et quelques films sans cesse copiés, transférés de support en support, des photographies et photogrammes, capturés çà et là... rien par contre en archives ne paraît subsister de ses rôles au théâtre, hormis encore quelques affiches, programmes, photos, des souvenirs ténus de témoins s'éteignant eux-mêmes peu à peu comme passe le temps, car ses prestations n'ont pas été enregistrées, conservées ! Une formidable seconde Madame de Winter française qui n'avait pas démérité face au défi de remplacer Joan Fontaine, une fille du Voleur d'enfants de Jules Supervielle transposée à la scène, énigmatique écolière adolescente coiffée d'un béret, dont Virginie Ledoyen, en ses quinze ans d'alors, devait reprendre le personnage pour déjà nous surprendre dans un film de Christian de Chalonge, une adolescente enthousiaste de Sylvie et le fantôme, telles furent quelques unes des compositions que Lise Topart eut le temps de nous léguer...
Jean et Lise, vous demeurerez toujours...

POST-SCRIPTUM :

Alors que j'apprenais la disparition de Jean Topart, une effroyable cuistrerie nécrologique, de celles qui, comme des gouttes d'eau importunes, font déborder les vases du lisier hircin de nos a-médias déconsidérés depuis longtemps, se produisait, dans l'indifférence du péquenot lambda occupé à digérer ses excès de fêtard fauché. Selon une espèce de jurisprudence journalistique non-dite remontant environ à la mort de Francis Crick, aux deux exceptions notables de Georges Charpak et de Baruj Benacerraf, notre presse indigne sauta, ignora, en toute impunité, saltation de trop, la disparition d'un prix Nobel scientifique supplémentaire et pas des moindres : une très grande Dame, qui eut à pâtir de la législation raciste et antisémite de l'Italie mussolinienne : Madame Rita Levi-Montalcini. Elle n'était pas une simple mort de lauréat du prix Nobel de plus, de celles qu'on moque, jette dans la boue de l'ordure de l'ignorance, prétextant on ne sait quelle chose pour cet acte d'oubli, d'omission, parce qu'il y eut des eugénistes, des racistes, des partisans de banques de sperme pour bébés Nobel, des contempteurs de l'intelligence des Afro-américains, des nazis et des staliniens primés autrefois. Non, Madame Rita Levi-Montalcini, pour ceux qui s'indignent du très faible nombre de femmes scientifiques nobélisées, ne méritait pas ce boycott idiot, cette insignifiance subie ! Réparez cette faute, mesdames et messieurs les journalistes qui fertilisez, avec la fumure pourrie de la désinformation, la plante vénéneuse obscurantiste !

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