samedi 30 novembre 2013

Snowpiercer le transperceneige : un chef-d'oeuvre que je ne verrai jamais en salle.

Les médias entretenoient continûment parmi la populace le sentiment de désorganisation et de décomposition du gouvernement central (Mémoires du  Nouveau Cyber Saint-Simon).

Ne dites plus : journalistes et commentateurs politiques invités réguliers à telle ou telle émission ; dites plutôt campeurs télévisuels professionnels abonnés permanents. (Sages réflexions d'un chroniqueur anti-médiatique).

La dystopie de Bong Joon Ho, Snowpiercer le transperceneige est, avec The Immigrant de James Gray, le seul véritable chef-d'oeuvre cinématographique de cet automne 2013 par ailleurs fort contrarié en distributions chaotiques, voire émaillé d'absurdes non sorties de films aussi dissemblables qu'Eden ou Tom le Cancre. Chaque sabotage, chaque annulation de sortie constitue à lui et à elle seul(e) un cas d'école, jusque-là à peu près inédit tant se dégradent à la vitesse grand V les conditions de distribution et d'exploitation des films dans l'hexagone. 
Qu'en est-il de Snowpiercer, quelles sont les raisons qui me poussent à écrire au sujet de ce long métrage de SF que je ne verrai jamais en salle ? Tour simplement, avec notre parc de petits cinémas indépendants sinistrés, parfois injustement déclassés par le CNC monarque absolu, même une distribution en 300 et quelques copies ne garantit plus du tout que les petites communes puissent un jour être servies lorsque, par chance, elles possèdent encore un (petit) cinéma...
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Dans ce cas, pour quelle raison discuter d'un film que je n'ai pas vu, que je ne puis vous raconter par le menu détail, n'en connaissant que la bande annonce, les extraits passés à la télévision (qui a su, pour une fois, couvrir à peu près correctement l'événement de la sortie de l'oeuvre), les commentaires d'autres spectateurs moins frustrés que moi et les articles, souvent élogieux, de la presse ?
Parce que Snowpiercer, au-delà du film de science-fiction, de la parabole, de toutes les interprétations qu'on peut en faire, de l'exceptionnalité de sa mise en scène, de ses acteurs (dont John Hurt,
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 en vieux révolutionnaire désabusé, alors que nous venons de l'admirer en Doctor Who méconnu couvert de remords pour avoir détruit un univers), est un symbole prégnant de notre propre époque éminemment pétrie de contradictions, où les idéaux révolutionnaires sont morts, noyés dans le sang, où la culture se désintègre bien que nous soyons censés vivre à l'âge supposé de l'accès universel à tout : contradictions en effet surprenantes alors que la censure des sites de streaming vient de commencer au grand dam des internautes partisans du tout gratuit en ligne (surtout quand il n'existe pas d'autres moyens que le streaming ou la VOD pour parvenir à voir un film mal distribué par ailleurs).
Les exclus de Snowpiercer, les soutiers parias des wagons de queue ayant soif de remonter jusqu'à la tête du convoi, me font penser aux vagabonds du rail de Jack London,
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 aux tramps, hoboes américains dont ils ont enfilé la pelure de hardes effilochées et crasseuses sans oublier leur réduction à la condition anthropophagique. J'ignore tout des conséquences philosophiques induites par les surprises narratives et scénaristiques du film qu'on ne peut lire et regarder au premier degré, semble-t-il. S'il y a métaphore, peut-être ressemble-t-elle à mon roman méconnu et peu lu G.O.L. où, si l'on peut l'écrire, les wagons du train sont remplacés par une cité despotique de 130 étages, des niveaux inférieurs horribles peuplés des pires slums et égouts à ceux, supérieurs et huppés, d'une dictature autocratique très austro-hongroise. Là aussi, il y a beaucoup de surprise, de traversée chaotique des apparences dédaléennes jusqu'à la découverte de la vérité, de la réalité. G.O.L. et Snowpiercer même combat...
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Bref, je vous parle de Snowpiercer, ce film assurément éblouissant, aux rebondissements inattendus, allant au-delà d'une lecture simpliste au premier degré, au-delà des attendus du message socio-politique, sans pouvoir vous livrer mon commentaire personnel de spectateur d'après vision de l'oeuvre. Patientons jusqu'à l'hypothétique blu-ray ou DVD, à condition qu'il ne prenne pas la fantaisie aux multinationales de l'édition filmique de supprimer ces supports ou de refuser toute sortie de rattrapage au long métrage de Bong Joon Ho. Là résiderait le pire des scandales... A quoi bon discourir sur ce qu'on n'a pas vu à cause des failles et absurdités du système ?

dimanche 24 novembre 2013

"Voyage sans retour", "The Conspiracy" et "Nos Héros sont morts ce soir" : trois films sabotés de l'automne 2013.

Et il existait des musiques dominantes, voire dominatrices, aux côtés de celles qui le deviendraient mais ne dominaient pas encore, sans oublier celles qu'on s'apprêtait à faire chuter de leur piédestal (Mes Mémoires, à propos de la chanson française, de la variété anglo-saxonne et de la musique classique dans la situation culturelle de 1970 environ).

Je suis un cinéphile éternellement insatisfait (aphorisme de moa).

 Voyage sans retour de François Gérard, avec Samy Naceri et Marie Vincent, sorti en catimini le 11 septembre 2013,
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The Conspiracy de Christopher Mc Bride, avec Aaron Poole, James Gilbert et Ian Anderson, distribué en toute discrétion le 18 septembre 2013,

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Nos héros sont morts ce soir  de David Perrault, avec Denis Ménochet, Jean-Pierre Martins, Constance Dollé, Yann Collette et la formidable et magnifique Alice Barnole dans un trop petit rôle, sorti dans la quasi indifférence le 23 octobre 2013, bien qu'il ait été présenté au festival de Cannes dans les sélections parallèles,
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autant de sabotages, de feuilles mortes du 7e art de cet automne 2013 meurtrier, où, désormais, même des longs métrages américains (Eden) et français, malgré la parution normale des critiques dans la presse, se retrouvent sans une seule copie (y compris dans la capitale !) le jour officiel de leur sortie.
Les trois cas énumérés, bien que moins extrêmes que d'autres en ce moment (le biopic annoncé sur Julian Assange, avec le génial Benedict Cumberbatch dans le rôle titre, prévu pour le 4 décembre 2013, n'avait toujours pas de salle prévue hier...), demeurent toutefois emblématiques et symboliques de l'extrême dégradation culturelle de notre pays où il devient chaque semaine davantage impossible d'avoir accès à toujours plus d'oeuvres non encombrantes et bouffeuses de méga-complexes se démarquant de la massification des goûts dictée d'en haut, massification où, hors les dessins animés 3D, certaines comédies françaises "consensuelles" et films fantastiques pour ados venus d'Outre-Atlantique grouillants de vampires bellâtres et autres loups-garous peluches vivantes pour minettes, il devient insensé d'avoir envie de voir autre chose que ces lieux communs de la catégorie navets dans notre parc de salles obscures en voie de rétrécissement drastique dans les centres villes !
A l'ère du numérique à outrance, qui n'a rien résolu au point de vue de la diffusion, bien au contraire, malgré la facilité de reproduction induite par la dématérialisation, voilà qui est fort étonnant ! Moi qui en espérais une facilitation de la diffusion des "petits" films ! Quel naïf je fus ! Adonc, patients lecteurs, récapitulons :
- un film dérangeant sur l'islamisme à la française, si encombrant pour la bien-pensance dominatrice qu'on l'a censuré à Paris intra muros et à Toulouse via des polémiques générées par son acteur principal, prétexte béni par les censeurs de tout poil pour invisibiliser l'oeuvre ; 
- un long métrage canadien conspirationniste, fort instructif, donc dangerereux, forcément, surtout victime de la conspiration générale du silence hexagonal ; 
-  enfin, un magnifique hommage esthétique en noir et blanc au catch des années 60 et à un certain cinéma populaire dont le chantre George Lautner vient de nous quitter, film d'auteur revendiqué dont le consortium qui tient les parcs de salles chez nous a fait en sorte qu'il ne trouvât jamais son public....
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Tels sont les longs métrages, disparates, inégaux ou éclectiques, qui peuvent tomber sous le couperet du sabotage culturel... et ce n'est pas fini !
Une foultitude de documentaires sociaux sur Outreau, les ouvriers de Peugeot, les Conti, après de bien discrètes sorties, n'ont pas droit au DVD !
Sarah Polley et son autobiographique Stories we tell  sont privés aussi de DVD et de blu-ray !
Le pendant de L'esprit de 45 de Ken Loach, Les Jours Heureux, de Gilles Perret, distribué en à peine 40 salles le 6 novembre, ce qui l'exclut d'office des petites villes, documentaire qui prouve ô combien on est en train de démanteler par couches, par tranches de salami hongrois inverti par l'ultralibéralisme, le programme social du Centre National de la Résistance, est en passe de passer inaperçu, puisqu'on s'est arrangé dans de hautes sphères pour qu'il en soit ainsi...
Trois films prévus en salles le 27 novembre 2013 n'ont toujours aucune copie de prévue au moment où j'écris ce billet billlieux...
INDIGNEZ-VOUS CULTURELLEMENT ! BOYCOTTEZ LES NAVETS EN 800 COPIES ! Ils seront de toute façon disponibles dans tous les autres supports de diffusion contemporains, téloche and co., alors que le film Mortem, sorti en salles le 3 octobre 2012 (vous avez bien lu), demeure à ce jour exclu de toute diffusion télé et en DVD-blu-ray ! Et, avec le satellite, nous avons jusqu'à 300 chaînes ! A quoi bon autant si ce n'est pour toujours diffuser les mêmes choses au lieu de la rareté ?
BOUGEZ ! N'ALLEZ PLUS VOIR LES FILMS TRUSTANT LA PRESQUE UNANIMITE DE NOS ECRANS AVEC OBSCENITE ET POUR LESQUELS LES A-MEDIA LECHE-BOTTES FONT TROP DE TAPAGE LOUCHE !

Prochain article : Snowpiercer, le Transperceneige. Encore un chef-d'oeuvre que je ne verrai pas sur grand écran !
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samedi 16 novembre 2013

Félicie de Fauveau, amazone de la sculpture : l'exposition la plus décriée et rejetée de l'année 2013.

(...)Et je constatai, ô aporie insigne, qu'il existait des homosexuels d'extrême-droite, qu'une sexualité avancée n'était pas l'apanage des partisans du progressisme. On pouvait être inverti et mal pensant. Non point qu'un émule ou amant du baron de Charlus, s'il eût vécu bien au-delà de la Grande Guerre pour connaître l'épreuve de celle qui suivit, se fût engagé nécessairement dans un combat idéologique douteux, mais il était indéniable que cette sorte d'homosexuel infréquentable avait existé, avait eu pignon sur rue, et avait plané dans les plus hautes sphères de la compromission avec l'Allemagne hitlérienne, par antisémitisme, par non-patriotisme. Ces homosexuels collaborateurs et traîtres s'appelaient Abel Bonnard et Abel Hermant, tous deux membres de l'Académie française. L'inversion du premier avait acquis une telle notoriété en ce fort particulier milieu d'une mondanité singulière, qu'en ces circonstances tragiques, surpassant le sobriquet dont autrefois Palamède de Guermantes, baron de Charlus avait été affublé sous le redoutable calembour de "Taquin le Superbe",  ses adversaires avaient fini par l'appeler "Gestapette". L'opprobre fut sur eux, tache indélébile, définitive !
(Réflexions aiguës du Néo Marcel Proust)
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On peut être ultraroyaliste et avoir du talent. Félicie de Fauveau (1801-1886) est une sculptrice condamnée chez nous à la non célébrité idoine et imposée. Elle cumule tous les handicaps, à la différence de Camille Claudel dont la notoriété a fini par supplanter celle de son frère désormais considéré comme le principal responsable de son internement, et qui fait  figure au grand dam de la poignée qui encore l'apprécie de nos jours de fondamentaliste chrétien repoussoir au verbe mystique ampoulé et illisible.
Félicie de Fauveau, cette quasi anandryne romantique et exaltée, eut grand tort de s'être rangée dans le camp de l'inacceptable, occultant ainsi son talent, rejeté dans l'ombre, pour ne pas écrire dans les égouts de l'histoire de l'art. Félicie de Fauveau fut une aventurière légitimiste qui osa accompagner, appuyer, l'équipée hasardeuse de la duchesse de Berry en 1832, celle qui, sous les ambigus oripeaux de Petit Pierre que n'eût point dédaignés l'excentrique Joan Fontaine, as du travestissement ambivalent (fillettes pré-pubères, garçonnets, jeunes pages etc.), essaya de renverser la Monarchie de Juillet afin que son fils, le duc de Bordeaux, régnât sous le nom d'Henri V en lieu et place du fameux roi bourgeois. Pour en savoir plus sur cette aventure romanesque et invraisemblable, je vous conseille de lire le roman de Gérard Hubert-Richou, La Duchesse Amazone, chez Pygmalion. On ne verrait là qu'un mélodrame épouvantable, avec une naine chassieuse et loucheuse, par ailleurs engrossée plus tard par un amant, ce qui la disqualifia pour la postérité. Cela fut tout autre, moins simpliste, moins trivial et prosaïque, plus passionnant que dis-je !
Ceci étant rappelé, rien ne justifie qu'au nom de considérations politiques contemporaines, nos médias médiocres aient jugé bon, sauf quelques exceptions notables (dont, paradoxe, la meilleure ne fut pas celle du Figaro, trop succincte), de passer entièrement sous silence l'occasion, l'opportunité de la redécouverte d'une artiste intéressante fournie par le musée d'Orsay, certes royaliste exaltée, au-delà des controverses suscitées par ses sympathies. Nous nous targuons de féminisme, oubliant qu'une femme pouvait défendre la cause de son sexe tout en proférant des insanités réactionnaires et en s'enferrant, se cadenassant, dans ses prises de position obtuses...
En dehors de La Tribune de l'Art, dont c'est le travail, louable et nécessaire en un temps où tout ce qui est artistiquement antérieur à l'impressionnisme est appelé à un oubli téléguidé politiquement, force est de reconnaître que Libération a pondu un article remarquable sur l'expo Félicie de Fauveau du musée d'Orsay,  expo tenue et achevée en toute discrétion voulue par nos bien-penseurs durant l'ensemble de l'été 2013. 
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Je ne suis pas historien de l'art, je n'en ai pas la prétention, bien que l'analyse de l'image eût appartenu à mon cursus de formation universitaire, mais je reconnais l'intérêt que cette expo eût dû susciter en exhumant de l'oubli une oeuvre dont il est nécessaire que l'on fasse abstraction des idées de celle qui la créa pour y goûter en esthète désintéressé par les sirènes du prêt-à-penser (on oublie souvent cette nécessité de l'abstraction du contexte politique, autant en musique qu'ailleurs, bannissant des mémoires nombre d'artistes qui balaient un fort large spectre idéologique allant des monarchistes les plus intégristes aux communistes voire aux trotskystes).
Félicie de Fauveau fut une romantique authentique, qu'on le veuille ou non, émancipée, libérée par son art, miraculeuse, autodidacte, à une époque où l'enseignement des beaux-arts excluait les femmes. Nous avons oublié les origines royalistes du romantisme avec Chateaubriand et le premier Hugo. Elle s'amouracha, si l'on peut dire, de la cause légitimiste, via une sorte de passion (que j'hésite à qualifier de proprement saphique même si le physique assez hommasse de matrone de l'artiste peut prêter à équivoque) pour l'épouse du frère du célèbre insurgé vendéen La Rochejaquelein, Félicie de Duras (1798-1883). La révolte vendéenne de 1832, échec cinglant, fut une guerre des femmes, des deux Félicie aventurières alliées à Marie-Caroline, duchesse de Berry. Après la déroute, Félicie se réfugia en exil à Florence, où elle mourut en 1886.
Félicie se voua toute à son art, étonnant, surprenant. L'article de la Tribune de l'Art vous fournit maints exemples de ses réalisations, dont un autoportrait à la levrette en marbre de 1846 et diverses réalisations exaltées, pathétiques, exacerbées, d'art sacré,  genre auquel elle se voua sans trêve durant son exil politique, et, parmi elles un Christ en croix de bois de 1857,  méritant toute l'attention des esthètes cultivés, Christ étiré, tourmenté et rongé par les affres du temps, dont les impitoyables trous des vers xylophages. On y retrouve toute l'emphase romantique, baroque, d'une expressivité trop souvent devenue hermétique à nos thuriféraires d'un art cistercien trop austère, conceptuel et strictement utilitariste ou "provocateur" conception désolante qui rejette le décorum au nom d'une vision réductrice de la modernité. N'oublions pas que Stendhal avait apprécié la production de Félicie de Fauveau, parce qu'elle changeait de l'académisme ambiant des années 1820-1830.
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L'article de Vincent Noce, dans Libération, atteint un tel niveau d'excellence dans l'évocation de la figure excentrique et géniale de Félicie de Fauveau qu'il mérite que j'en cite des extraits. L'intégralité du texte est disponible en ligne sur le site du quotidien. Pour l'analyse esthétique et artistique, reportez-vous à l'article de Didier Rykner de La Tribune de l'Art, daté du 2 mai 2013.

(...) Fauveau devint l’aide de camp de la comtesse - son «écuyer», disait-elle, rêvant aux exploits des chevaliers. Ces femmes parcouraient les routes à cheval déguisées en hommes. Ce fut leur liberté, elles qui avaient «rêvé la guerre civile comme complément du bonheur», selon les mots d’une chroniqueuse (...)
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(...) Plus de cinquante ans durant, ce caractère insolite fut une attraction en Toscane, d’où elle fustigeait les faiblesses de son époque et de ses propres alliés. Elle recevait le visiteur telle une abbesse dans un décor inspiré de la névrose gothique, cheveu court, gilet d’homme sur une robe taillée en amazone, coiffée d’une calotte et d’une toque rouge à la Robin des bois. Ne prenant commande que des aristocrates légitimistes, elle se consacrait au portrait et à l’art sacré dont elle exaltait les fondements chez les primitifs italiens. Ainsi que Michel-Ange, elle pouvait aussi officier comme architecte, de Florence à Dunecht, en Ecosse, en passant par Ussé, le château de la Loire des La Rochejaquelein. Elle préférait marquer ses sculptures de ses armes, assimilant avec emphase la signature d’artiste à un «mensonge», puisque «la création n’appartient qu’à Dieu».(...)


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(...) Sur son épitaphe, sous le mot «Vendée», Félicie de Fauveau voulut inscrire : «Labeur, honneur, douleur». Elle ne cessa de mettre en scène l’archange écrasant le dragon, peuplant ses songes d’anges qui ont l’air de démons. (...)

Je remercie monsieur Vincent Noce pour son talent qui nous a permis de redécouvrir une héroïne authentique qu'Alexandre Dumas aurait pu inventer, imaginer de sa plume géniale et ô combien féconde...

Mes prochains billets traiteront davantage des sabotages cinématographiques et littéraires survenus depuis la rentrée 2013.

Nota bene  : le portrait de Félicie de Fauveau est l'oeuvre d'Ary Scheffer. Daté de 1829, il est conservé au Louvre.

dimanche 10 novembre 2013

Jiri Trnka, le magicien oublié de l'animation.

Qui se souvient encore de Jiri Trnka (1912-1969),
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 ce cinéaste d'animation tchèque ? Ce fut pourtant l'un des grands du film de marionnettes animées image par image, ne déméritant nullement aux côtés de Ladislas Starewitch,
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 George Pal,
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Tim Burton, Ray Harryhausen, Wes Anderson, Henry Selick, Serge Danot et Nick Park.Trnka fut un enchanteur, qui sut engendrer le rêve et la magie par le biais de minuscules poupées. Il joua le rôle incomparable d'un imagier du merveilleux et du rustique, de la légende antique, médiévale, mais aussi universelle, du conte concrétisé, rendu vivant par l'image animée. Dès mon enfance, je le connaissais comme quelqu'un de familier, qui comptait. Pourtant, plus personne ne daigne en parler de nos jours !
Il est vrai que l'invisibilisation intégrale de ses films à la télé française, qui perdure depuis une quarantaine d'années - à l'exception de l'unique diffusion d'un court-métrage, La Passion, par Arte, au milieu des années 1990, ne facilite pas la prise de connaissance de ses oeuvres merveilleuses et enchanteresses.
Alors que, via You Tube, l'on peut accéder aux courts ou longs métrages de Jiri Trnka, notre anti-télévision s'obstine dans sa bouderie et dans son ignorance, dans sa honteuse indifférence envers cet artisan de génie, qui a eu le tort d'exercer son grand art de l'autre côté du rideau de fer. 
Mais, autrefois, lorsque j'étais petit, on parlait encore de Trnka et des marionnettes tchèques, comme de quelque chose d'aussi génial et fantastique que les meilleurs films de l'âge d'or des studios Disney. Oui, je suis sûr d'avoir vu à l'ancienne télévision ne serait-ce que Le Prince Bayaya,
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 sans omettre Le Rossignol et l'Empereur de Chine. Il en fut de même pour les marionnettes polonaises, dont L'Ours Colargol, sur lequel je compte revenir un jour.
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Il fut un temps (1959) où la notoriété de Jiri Trnka était suffisante à ce que l'on nommait l'Ouest pour que Spirou en parlât et consacrât un article intéressant à son absolu chef-d'oeuvre (l'un de ses longs métrages les plus ambitieux) : le Songe d'une Nuit d'Eté.
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Qui, en France, nous rendra Trnka ?  Qui, à la parfin, aura le courage d'acheter les droits de diffusion de ses films pour notre télévision délabrée et ruinée (Arte presque inclue, sauf certaines émissions dispersées et le ghetto du week-end) ? Qui ? Verrai-je de mon vivant Vieilles légendes tchèques dans de meilleures conditions qu'une VO non sous-titrée sur un ordinateur, saucissonnée sur la plate-forme de partage précitée ?
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Je déteste qu'on rende les films invisibles pour d'obscures et injustifiées raisons juridiques, parce que c'est un patrimoine audiovisuel en danger de mort et d'oubli absolu. A l'heure où j'apprends qu'aucun éditeur de DVD et de blue ray ne souhaite sortir le film de Gianni Amelio adapté du Premier Homme d'Albert Camus chez nous (il n'est disponible qu'en italien sur Amazon !), force est de constater qu'il serait temps de mettre fin, par tous les moyens, aux caprices des mercantis marchands de soupe ultralibéraux qui nous imposent leurs saletés sur les écrans au détriment de ce qui devrait être réellement pérenne.
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Prochain article : Félicie de Fauveau, cette sculptrice interdite parce que du mauvais camp politique,  dont l'exposition tenue dernièrement au Musée d'Orsay a été boycottée par la totalité des médias à l'exception curieuse de Libération, et, plus logiquement, du site Internet La Tribune de l'Art. Louons Monsieur Didier Rykner de laisser de côté les considérations politiques obtuses et sectaires, ces considérations qui nous privèrent, voilà un décennie, de la panthéonisation d'Hector Berlioz, ineptie  pour laquelle  je conserve une rancoeur tenace.
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samedi 2 novembre 2013

Robert Capa, Louis Armstrong, Theodore Roosevelt : ces biopics que vous risquez de ne jamais voir.

Waiting for Robert Capa,

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What a wonderful world,

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The rise of Theodore Roosevelt....

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Trois projets hollywoodiens de films qui promettaient d'être grandioses et fascinants, qui allaient mettre en scène des pages importantes de notre histoire contemporaine... trois grands films donc, dont les projets traînassent en longueur depuis...huit ans !  C'est un drôle de délai pour concrétiser trois longs métrages tandis que fleurissent et pullulent les nanars cafardeux, un délai honteux et scandaleux de coma dépassé, d'électroencéphalogramme plat ! Trois films où auraient dû jouer dans les rôles titres Adrien Brody (Robert Capa),
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Forest Whitaker (Louis Armstrong)
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et Leonardo di Caprio (Teddy Roosevelt).
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Trois films promis à de grandes signatures du 7e art : Michael Mann, Forest Whitaker en personne et Martin Scorsese. Trois films prometteurs attendus désespérément depuis des années, dont la distribution ne cesse de changer au fil des aléas interminables n'atteignant toujours pas le stade de la pré-production ! Cela pue le sabotage, comme si nos trois grands personnages dérangeaient la conscience friedmano-hayekienne de notre monde repu engraissé à l'ultralibéralisme. Saviez-vous qu'à l'origine (en 2006 !) le rôle de Liberace devait être dévolu à Nicolas Cage ? Beaucoup de gabegie là-dedans, parce que l'industrie cinématographique polluée par les tycoons se complaît en l'aboutissement prompt de giga navets abêtissants grouillants de baston destinés à d'acnéiques imbéciles (je n'ose écrire morveux) bouffeurs de popcorn  et accros en fait au téléchargement illégal, aux smartphones et aux tablettes... jeunes fats qui twittent convulsivement (je twitte donc je suis, comme le déclarerait un Descartes dévoyé par la Toile) jusqu'à en devenir cyber drogués et cyber-dépendants. Il est certain qu'ils n'ont rien à cirer, vulgairement parlant, de biographies filmées de vieux fossiles (qui furent pourtant de très grands hommes) ne correspondant pas à leur vision du monde engluée dans l'éternel immédiateté limbique !

Prochainement, je parlerai de Jiri Trnka, ce cinéaste tchèque animateur de marionnettes de génie aux films tous refusés et rendus invisibles par la télé française actuelle.

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