samedi 15 décembre 2012

L'héritage télévisuel détruit de Patrick de Carolis.

Le père Georges : - C'est un chimpanzé, seigneur Philippe ! Vous avez peur de cela ? 
(Monsieur Cyprien acte V scène 4, par Jocelyne et Christian Jannone : pochade qui mérite de rester inédite ! )

J'accuse ! J'accuse !  (Victor Francen dans le rôle de Jean Diaz dans la version de 1937 de J'accuse d'Abel Gance)

Cyber Léon Bloy a aujourd'hui la parole !  Elle va faire mal ! 

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Il était une fois une France Télévisions qui avait trouvé son président idoine, celui qui voulait lui redonner le lustre fictionnel historique perdu et délaissé, haï, vitupéré, redorer son blason, rappeler, tel Sir Williams dans le mythique Rocambole avec Jean Topart et Pierre Vernier les lambeaux de la splendeur passée de la télévision d'autrefois.

Il possédait la Culture, beaucoup de Culture, non point la chébrantude démodable de l'instant.  Alors qu'à compter de l'an du Seigneur 2006, Arte trahissait, renonçait à tout au profit du seul jeunisme branché revendiqué en VF en prime time, Monsieur Patrick de Carolis marqua sa volonté de raviver la flamme de la télé d'avant, d'avant Hayek, d'avant l'ultra-commercialisme aculturel issu des anti-réformes successives depuis 1974 et 1986, d'avant les chaînes nulles rongées par le chancre vénérien purulent et chanci de la publicité, cette télé des fictions historiques de prestige voulant cultiver tout en distrayant, parce qu'il se souvenait des Cent livres des hommes, des Bonnes adresses du passé, de La Caméra explore le temps, d'Alain Decaux raconte, du Théâtre de la jeunesse, en ce sans-pareil pacte entre gaullistes, royalistes et communistes qui, dans ces années soixante mythiques et mythifiées, avait permis la coexistence pacifique entre une vision élevée et anoblissante du public et les  nécessités plus matérielles de la gestion financière de l'entreprise publique.

Monsieur Patrick de Carolis, au grand dam des partisans de la stupidité considérée comme l'un des beaux arts, de l'abêtissement calculé de la population afin de la soumettre toute au système putrescent, osa incarner cette vision haute de sa mission télévisuelle en multipliant les productions et les tournages d'adaptations historiques et littéraires aussi bonnes qu'antan, additionnant les coruscants projets biographiques et autres, autour de Maupassant, Chateaubriand, Louis XI, Henri IV,  autour aussi, en pédagogue, des journées qui firent l'histoire de France.

Mais les esprits chagrins, amers et jaloux de tant de prestance, de tant de qualités, de tant de révélations d'actrices et d'acteurs jusque-là anonymes, fourbissaient leur armes réactives. Ce fut pourquoi ils multiplièrent les critiques négatives, insanes et ineptes à l'encontre du moindre téléfilm perruqué ou corseté, éructant leur haine de cela, en cuistres abjects, sciant eux-mêmes la branche sur laquelle ils étaient assis, ô chiens de gardes roquet ! Partisans du tout contemporain, du tout sociétal catégoriel et communautariste (mais non du social collectif dont ils se fichaient comme d'une guigne que l'ultra friedmano-hayekisme au pouvoir désormais partout en détricotât méthodiquement les acquis), ils flinguèrent systématiquement, hauts les coeurs, chaque fiction costumée qui s'offrait en proie inerme à leur avidité inculte, eux qui n'avaient jamais tenu la moindre caméra de leur vie, s'arrogeant le droit de descendre en flammes ce qu'ils auraient été incapables de tourner, de réaliser.
Il y avait en ces années une pie au sommet de l'Etat, une pie verte d'abord comme un pic-vert, grisâtre ensuite (parce qu'elle vieillissait, s'usait à cause de l'exercice harassant du Pouvoir), réputée pour ses battements d'ailes, ses jacassements, son jabotage, pour son brassage d'air à la moindre brise médiatique, pie fort agitée pour un oui et pour un nom. Cette pie détestait La Princesse de Clèves, qu'appréciait fort au contraire Monsieur de Carolis. Elle soutint donc Monsieur Patrick de Carolis comme la corde soutient le pendu, et, se trouvant confortée en ses idées par une presse complice objective qui, tel Télérama,  éructait son rejet des téléfilms et feuilletons historiques chaque semaine, surtout à compter de la fin de l'été de l'an de Notre Seigneur 2008, (parce que, pour les critiques, ces productions en costumes émanaient forcément de la pie vert-gris qu'ils rejetaient politiquement parlant), et  prenait le bâton pour se faire battre, elle se décida à ne pas lui renouveler sa confiance pour un second mandat de cinq années.
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Son successeur a dilapidé l'héritage, totalement, réduit les ambitions comme une peau de chagrin, avec un budget d'une étroitesse d'archère ou meurtrière d'échauguette. Tout a disparu au nom du jeunisme et des économies budgétaires. Nous sommes revenus aux errements d'avant l'an 2000 quand France Télévisions ne produisait plus qu'un téléfilm historique par an pour le diffuser à 23 h passées parce qu'il ne pouvait pas faire d'audience.  
Ruines, ruines, regrets, ô ruines ! Résurrection ! Nous réclamons la résurrection de ce qui n'est plus... sinon, ce sera la porte pour tous les empoisonneurs de la culture ! Réparez vos erreurs, réparez, réparez !

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